Les Écrasés, 2016

© ADAGP, Paris 2020

 
Ecrases 2.jpg

Exposition collective Infiniment Humain, Collectif Diaph 8, © Romain Darnaud

(Fr) Les Écrasés, 2016

Archival Pigment Print - 90x120 cm

Cette série questionne les conditions de travail et crée en même temps un paradoxe dans sa représentation. Les objets et uniformes qui ont été utilisés par des travailleurs pour la réalisation de leurs tâches sont scannés afin d’obtenir des images singulières et riches en détails.
 
Cette technique d’enregistrement de l’image impose l’écrasement  des objets numérisés. L’écrasement physique des objets résonne avec l’écrasement social subi par les individus qui exercent des activités non qualifiées et qui ne relèvent pas d’une qualité d’artisanat mais de travail manuel et répétitif. Leur quotidien est entouré de précarité et d’instabilité, conditions qui sont de plus en plus communes et présentes dans toutes les échelles de notre société. 

Les objets ne sont pas totalement écrasés dans les images, ce petit espace laisse encore une place pour que le volume se crée et une perception de tridimensionnalité malgré tout soit mise en place. Cette tridimensionnalité fait appel à une présence (malgré son absence) d’un corps qui prend acte chaque jour avec ces objets au travail.

D’un autre côté, l’image porte en soi une forme esthétique très importante, celle de l’agrandissement. Cette forme est censée normalement faire ressortir le côté spectaculaire et contemplatif des images, mais avec «Les Écrases», l’hyper-agrandissement joue pour magnifier le vécu, la salissure et l’abîmé. C’est une sorte d’exaltation des «défauts» qui les amène au niveau esthétique.

Il ne s’agit pas d’une nouvelle technique ou forme de réalisation d’images, mais il s’agit d’un outil pour créer des nouveaux rapports politiques et esthétiques du travail avec l’image.

(En) The Crushed Ones, 2016

This series interrogates the work conditions and, at the same time, it creates a paradox in its representation. The objects and uniforms used by the workers for executing their tasks are scanned in order to obtain singular images that are rich in detail.

This image capture technique demands the crumpling of the objects during their digitalization. The physical crushing of the object echoes the social trampling suffered by the individuals who perform manual, repetitive, non-qualified jobs that require no craftsmanship. 

Nonetheless, the objects are not completely crushed in the images. The minimum width that remains opens up the possibility for the existence of volume, and the perception of three-dimensionality still persists. This three-dimensionality evokes the presence of the bodies that interacts daily with these objects in the workplace. 

The images employs an important aesthetic mechanism, that of enlargement. This procedure is usually employed to bring out the spectacular and contemplative aspect of an image; however in “The Crushed Ones”, the hyper enlargement helps to emphasize the grind, stains and the wear due to work. It’s a sort of exaltation of the “flaws” which takes them to an aesthetical level

(Esp) Los Aplastados, 2016

Esta serie interroga las condiciones de trabajo y crea al mismo tiempo una paradoja en su representación. Los objetos y uniformes utilizados por trabajadores para realizar sus tareas son escaneados con el fin de obtener imágenes singulares y ricas en detalle.

Esta técnica de captura de la imagen impone el aplastamiento de los objetos para digitalizarlos. El aplastamiento físico de los objetos resuena con el aplastamiento social soportado por los individuos quienes ejercen actividades no calificadas, sin un componente artesanal y de tipo manual y repetitivo.

Sin embargo, los objetos no son totalmente aplastados en las imágenes. Ese espacio mínimo restante de espesor abre la posibilidad para que el volumen exista y una percepción de tridimensionalidad se cree a pesar de todo. Esta tridimensionalidad evoca la presencia de los cuerpos que trabajan todos los días en interacción con estos objetos.

Por otra parte, la imagen hace uso de un recurso estético importante, el de la ampliación. Este procedimiento es utilizado normalmente para hacer surgir el lado espectacular y contemplativo de las imágenes, pero en la serie “Los Aplastados”, la ampliación juega el rol de magnificar el trajín, las manchas y el deterioro del trabajo. Es una especie de exaltación de los “defectos” que los transforma al nivel estético.